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Riss, dix ans après l’attentat contre « Charlie Hebdo » : « Le plaisir du dessin est plus fort que la peur ! »
2024-11-25 HaiPress
Pour marquer les 10 ans de l’attentat contre Charlie Hebdo,le 7 janvier 2015,le journal satirique publie un livre qui rend hommage aux huit membres de l’équipe assassinés ce jour-là. Charlie liberté. Un journal de leur vie (Les Echappés,224 pages,29,90 euros,en librairie le 5 décembre) est un livre bouleversant par sa fragilité,son dépouillement même,puisqu’il se contente pour l’essentiel de donner à voir les images des dessinateurs Cabu,Charb,Honoré,Tignous,Wolinski,et à lire les textes de la psychanalyste Elsa Cayat,du correcteur Mustapha Ourrad et de l’économiste Bernard Marris. On y découvre,par exemple,les dessins de jeunesse de Cabu (une publicité pour les stylos Météore,des caricatures réalisées à 15 ans…),de Charb (un portrait de famille,un fanzine de collège…) ou d’Honoré (des contributions à l’Almanach Vermot). A ces disparus que Philippe Lançon,dans Le Lambeau (Gallimard,2018),appelait « les dépossédés »,le livre restitue,à même les pages,une solidarité qui prend sa source dans les joies de l’enfance. Entretien avec Riss,directeur de Charlie Hebdo.
« Il est impossible d’écrire quoi que ce soit » à propos de l’attentat contre « Charlie Hebdo »,écriviez-vous dans votre livre « Une minute quarante-neuf secondes » (Actes Sud,2019). Est-ce la raison pour laquelle l’album-hommage « Charlie liberté » laisse si peu de place au texte et privilégie les dessins ?
On se sent toujoursun peu illégitime pour évoquer les disparus,c’est très inconfortable,les années passent,on a peur de l’oubli. Or,ils méritent mieux que d’être commémorés comme les victimes d’un attentat,c’étaient surtout des artistes,et leur vie d’artistes ou d’intellectuels a commencé tôt,avant Charlie,et elle a irradié au-delà de Charlie. Je voulais montrer leur talent,leur sensibilité artistique,ce qu’ils ont créé. Et puis,j’aime bien donner directement la matière au lecteur,je préfère qu’il découvre par lui-même,qu’il se fasse son propre récit.Vous avez souvent affirmé votre refus de voir « Charlie » devenir un musée. Alors,ce livre,si ce n’est pas un musée à vos yeux,qu’est-ce que c’est ?
Je voulais faire comprendre tout ce qu’on a perdu. Chacun d’entre eux était un petit monde,avait une sensibilité unique,et c’est cela qui a été détruit. Plus les années passent,plus le temps est figé,comme s’il s’était arrêté le 7 janvier 2015. Je m’en aperçois quand je fais des rencontres avec des lycéens,à l’époque ils avaient 5 ans,pour eux c’est un événement qui appartient à l’histoire. Et ça nous fait bizarre,pour nous c’est encore un événement d’actu,un événement vécu.Il vous reste 80.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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