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« Bienvenue en économie de guerre ! » : un tocsin provocateur
2024-06-21 lemonde.fr HaiPress
Livre. Dans le monde capitaliste,il existe des règles d’airain. En temps de paix,l’économie est tirée par la demande des consommateurs,tandis qu’en période de guerre,les cartes sont rebattues et l’accent doit être mis sur l’économie de l’offre,notamment pour éviter les goulots d’étranglement au niveau mondial. Dans Bienvenue en économie de guerre ! (Novice,204 p.,19,90 euros),David Baverez,investisseur vivant entre Hongkong et Paris,invite les pays européens à s’adapter à ce changement d’époque,sous peine d’être broyés comme une coque de noix entre les Etats-Unis et la Chine qui s’affrontent sur les terrains économique,technologique et idéologique.
C’est pour contrecarrer ce risque que l’essayiste prend la plume. Il a l’assurance de ceux qui appartiennent au village global,les « anywhere »,à l’aise partout et qui s’opposent aux « somewhere » (les locaux),décrits par le journaliste économique britannique David Goodhaert,dans son best-seller Les Deux Clans. La nouvelle fracture mondiale (Les Arènes,2019). Mais,depuis trois ans,la faille s’est élargie. « 2022 est une année de profonde rupture » qui « marque la clôture du cycle de trente ans,commencé en 1989,avec la chute du mur de Berlin »,analyse-t-il.
Risque de « yéménisation »
Deux événements majeurs se sont en effet produits en 2022. Le premier,pleinement ressenti par les Européens,c’est l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine le 24 février. Le second,plus difficile à décrypter,s’est tenu en octobre : le 20e congrès du Parti communiste chinois a assis le pouvoir sans partage de Xi Jinping à la tête de l’empire du Milieu. Son corollaire a été le renforcement du contrôle du Parti communiste chinois sur l’économie et l’initiative privée.Face à cette seconde guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine,l’Europe – qui a fait jusqu’à présent le dos rond – est aujourd’hui menacée de « yéménisation »,néologisme né du sort peu enviable du Yémen,devenu un terrain d’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
Notre continent a pourtant les moyens de réagir,estime l’auteur,à condition de tirer les leçons du passage à une économie de guerre qui provoque,entre autres effets,une forte instabilité monétaire. L’inflation devenue plus structurelle lamine le pouvoir d’achat de la population européenne,nourrissant un fort mécontentement social et une vague de populisme. Pour s’adapter,David Baverez propose un nouveau triptyque politiqueESG (« énergie,sécurité,guerre ») en lieu et place de celui mis en avant par les défenseurs de la planète (« environnemental,sociétal,gouvernance ») qui dicte la feuille de route de l’Union à 27.
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