La Cour des comptes juge le déficit de la « Sécu » insoutenable

2024-11-08     HaiPress

Pierre Moscovici,premier président de la Cour des comptes,à Paris,le 12 mars 2024. DIMITAR DILKOFF/AFP La Sécurité sociale continue de glisser sur une très mauvaise pente. A court terme,le déficit de son budget n’est « pas soutenable »,même si le gouvernement de Michel Barnier parvient à mettre en œuvre les mesures d’économies qu’il a annoncées au début de l’automne. C’est le message que la Cour des comptes a délivré,mercredi 6 novembre,dans une « communication » écrite aux deux chambres du Parlement. Venant d’une institution qui sonne le tocsin depuis des années,l’avertissement n’est pas étonnant,mais le ton sur lequel il est formulé se révèle,cette fois-ci,particulièrement alarmiste.

Les données du problème sont connues. En 2024,le solde entre les recettes et les dépenses de la « Sécu » devrait être négatif à hauteur de 18 milliards d’euros,soit 7,5 milliards de plus par rapport à ce qui avait été prévu initialement,dans la loi de financement adoptée fin 2023. Selon la Cour des comptes,une telle dégradation est d’une « ampleur inédite »,abstraction faite des dérapages qui se sont produits,dans le passé,à la suite de crises économiques ou sanitaires.

Les difficultés se situent dans deux secteurs de notre Etat-providence : l’assurance-maladie,avec un « trou » susceptible d’atteindre 14,6 milliards d’euros en 2024,et la branche vieillesse (– 5,5 milliards). Les autres régimes (famille,autonomie,accidents du travail-maladies professionnelles) sont,quant à eux,légèrement excédentaires ou proches du point d’équilibre.

Des prévisions gouvernementales « trop optimistes »

L’aggravation de la situation découle,pour une part,d’une mauvaise anticipation des ressources. Ainsi,la fraction de TVA versée à la « Sécu » s’est avérée moins importante que ce qui était escompté. Le Haut Conseil des finances publiques avait pourtant signalé en septembre 2023 que les prévisions du gouvernement péchaient par leur caractère « trop optimiste ». De même,la masse salariale,sur laquelle sont calculées les contributions octroyées au système de protection sociale,a progressé à un rythme inférieur aux attentes du pouvoir en place. Résultat : moins d’argent dans les caisses.

L’autre facteur expliquant la dérive du déficit tient aux dépenses d’assurance-maladie,qui ont,une fois de plus,dépassé les objectifs en 2024 : elles devraient s’accroître de 4 % alors que l’exécutif tablait sur une hausse de 3,3 %. Un tel écart est « essentiellement » imputable au dynamisme des soins de ville.

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